Affaire Alingete: I’ANR et la Justice s’en mêlent (Tribune)

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C’est depuis l’année dernière, plusieurs mois avant les élections générales de décembre, que le Président Félix-Antoine Tshisekedi avait pris connaissance des accusations portées contre Jules Alingete, le patron de l’IGF, en rapport avec ses activités mafieuses avec les entreprises de la famille RAWJI.

Absorbé par l’agenda électoral, le Président n’avait pas accordé davantage d’attention à ce dossier, ce qui a permis à certains membres de son entourage proches d’Alingete comme l’ancien Directeur de Cabinet Guylain Nyembo, d’user de leur influence pour torpiller la procédure judiciaire en cours. Ce dernier a ainsi pu obtenir de l’ancien Procureur général près la Cour de Cassation, Victor Mumba, qu’il puisse demander le dossier en communication et finalement le classer sans suite. 

Mais c’était sans savoir que l’ensemble des pièces de l’instruction, commencée plus tôt au Parquet de Matete, n’avait pas été transmis au PGR Mumba. Une nouvelle plainte portée par des organisations de la société civile a été introduite le 18 avril 2024 auprès du Parquet général de la Gombe, mais elle s’est butée au même activisme des protecteurs de Jules Alingete dans les hautes sphères et dans la magistrature. 

La persistance de gra-ves révélations, assorties de nouvelles pièces à conviction à charge du patron de l’ICF a conduit le Président Tshisekedi à diligenter une discrète mission de l’Agence nationale de renseignement afin de tirer au clair ce dossier.

Les conclusions de cette enquête des services sont cinglantes: les actions de Jules Alingete et complices représentent une menace directe pour la stabilité économique et politique de la République Démocratique du Congo et nécessitent une action rapide et décisive pour restaurer la confiance du public et protéger l’intégrité politique et économique du pays. 

L’Agence Nationale de Renseignement recommande qu’en collaboration avec INTERPOL, des enquêtes approfondies soient menées, incluant les sociétés offshores du groupe RAWJI impliquées dans le blanchiment de capitaux, L’ANR recommande également que des mesures appropriées soient prises pour protéger les dénonciateurs et les amener à fournir des preuves supplémentaires dans le respect de la justice. 

Derrière les agissements de l’Inspecteur général des finances Jules Alingete, se dessine aussi une guerre économique farouche qui oppose divers intérêts. En ciblant les activités de l’homme d’affaires panafricain Samba Bathily, il viserait en réalité les intérêts des sociétés françaises IDEMIA et SUNNA DESIGN, partenaires de AFRITECH et SOLEKTRA dans le projet d’identification de la population congolaise et dans celui de l’installation de lampadaires de haute capacité. 

L’entreprise allemande VERIDOS était le concurrent de AFRITECH, qui a remporté le marché d’identification de la population. Dans un passé récent, Jules Alingete s’était violemment opposé au Ministre de l’Education Tony Mwaba, qui avait refusé de valider un projet d’identification des élèves à l’échelle nationale avec l’entreprise allemande VERIDOS. Le projet VERIDOS était alors soutenu par le Directeur de cabinet Guylain Nyembo.

Quant au projet lampadaires qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive au point d’emporter l’ancien Ministre des Finances Nicolas KAZADI, il apparaît de plus en plus que l’IGF avait volontairement torpillé la réalisation du projet SOLEKTRA à travers le blocage de ses containers au port de Matadi et la dénonciation du retard dans l’installation des lampadaires. 

L’IGF aurait ainsi voulu favoriser la société PROTON entreprise de la famille RAWJI, qui offrait des lampadaires plus chers et trois fois moins performants que ceux de SOLEKTRA. 

Jules Alingete est accusé par plusieurs opérateurs économiques de conflit d’intérêt et d’utilisation de sa position et de l’IGF pour bloquer des projets qui échappent au cartel financier dont il est le garant.

Une sonnette d’alarme est tirée pour que les institutions de la République s’impliquent pour mettre hors d’état de nuire tous ceux qui bloquent des projets et initiatives d’intérêt public au profit de leurs intérêts personnels.

CHRISTOPHER MC KENZIE 

ACTIVISTE ANTI-CORRUPTION cité par Journal LE POTENTIEL N° 8854 du 15 juillet 2024

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