RDC : S’exiler ou affronter la justice, Tshisekedi met Kabila face au dilemme

Felix Tshisekedi envisage-t-il de faire arrêter Joseph Kabila ? Là est toute la question, après les accusations que le Président congolais a portées contre son prédécesseur.
L’on se rappelle qu’il y a quelques mois, en pleine matinée politique, Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS chargeait l’ex-dirigeant dans le conflit qui oppose la RDC au M23, révélant que l’ancien Président était lié au M23 et qu’il était sorti du pays en catimini.L’opinion s’était vite enflammée, qualifiant le secrétaire général du parti au pouvoir de «conflictuel et de peu diplomate».
Cependant, l’interview accordée, le mardi 6 août dernier, par Félix Tshisekedi à 2 médias congolais a jeté le pavé dans la marre. Décidément, les accusations d’Augustin Kabuya n’étaient pas des mots creux balancés dans l’air mais des faits approuvés par les services de sécurité congolais. Autrement, la démarche du pouvoir relèverait uniquement d’une stratégie visant à détourner les Congolais de vrais défis qui ruinent la nation.
Il sied de noter que depuis janvier, Joseph Kabila n’est plus au pays. Officiellement, son absence est justifiée pour des raisons d’études, selon ses très proches qui promettent son retour imminent en RDC. Mais, il faut dire que les affirmations de Félix Tshisekedi ne sont pas prises à la légère par des Kabilistes, quand bien même l’ex-président serait couvert par la loi portant statut d’anciens chefs d’Etat congolais. Disant être avertis du modus operandi de l’actuel régime, ils redoutent que le Président congolais continue de brandir ses menaces jusqu’à coffrer leur leader.
L’évolution de la situation politique au lendemain de la fin de la coalition FCC-CACH est un signe avant-coureur que le régime de Kinshasa est même en mesure de sauter le verrou qui protège Kabila et de lui coller un procès. Jusqu’ici,dans l’opinion, personne ne sait avec exactitude si le sénateur à vie est réellement un soutien au M23 ou si Félix Tshisekedi n’a tenu qu’un simple discours politique qui s’écarte de la réalité.
Cependant, le Président de la République étant le Congolais le mieux informé sur la marche du pays, ses déclarations devraient faire foi.Dans cette logique, l’ex-chef d’Etat est devant un véritable choix cornélien. Décider de rentrer au pays alors que d’inquiétantes accusations pèsent sur lui est un pari risqué. Il en veut pour preuve le procès Nanga et consort qui a abouti à la condamnation à mort de ce dernier et de plusieurs de ses co-accusés.Il n’est donc pas exclu que le régime décide d’inviter à la barre Joseph
Kabila en dépit des remous qu’une telle action pourrait provoquer dans le pays.Le camp Kabila en est conscient. Selon un proche du sénateur à vie cité par Jeune Afrique, il a choisi d’être prudent.
« La logique du pouvoir actuel ne change pas, tout ce qui ne va pas dans ce pays, c’est forcément de la faute de l’ancien président », a-t-il dit, affirmant que Kabila n’avait pas l’intention de rentrer au pays pour le moment. Et de préciser : «Pour se jeter dans la gueule du loup et se retrouver avec une procédure montée de toute pièce contre lui ? Ce serait une grave erreur ».
Cependant, en hésitant à rentrer, Kabila pourrait voir son statut évoluer en « exil politique ». Mais, pour combien de temps y restera-t-il, se demande-t-on, car Félix Tshisekedi n’est qu’à ses 6 mois de son second mandat ? Les observateurs redoutent que les tirs croisés entre l’actuel président et son prédécesseur n’enflamment davantage le pays et que la cohésion nationale en pâtisse dans un contexte où la RDC fait face à une agression dans sa partie orientale.
Avec Le Journal La Transparence