Transport : Le métier de receveur, un travail sous-côté à Kinshasa

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En dépit de ses mauvaises prononciations ou déformations de plusieurs mots, comme «Pont-Ngabi» à la place de «Pont-Cabus», «Kartché 1» à la place de «Quartier 1», le receveur joue un rôle crucial dans le transport en commun, particulièrement sur la ligne des bus dits 207.

IL EST LE MARKETEUR

Aussi cassante que puisse être sa voix, il est celui qui aide le client à retrouver le bus de sa destination et s’assurer que ce dernier soit rapide pour laisser place au suivant. Si tu montes comme un prince ou une princesse, assure-toi d’avoir un gros mot lingala comme: «Mayele, to wela temps, oyo chez bino te, welisa, faux tête» (pour un rappel à l’ordre).

Il s’assure qu’il ne reste aucune place avant de démarrer la course, même si cela implique d’entasser les gens comme dans une boîte à sardines, et ce, peu importe le climat (etali ye te, kota to kende).

IL EST L’OEIL ET L’OREILLE DU CLIENT ET DU CHAUFFEUR

Que tu sois nouveau ou ancien à Kin, tu ne peux pas te perdre. Confie-toi à lui, il est la carte géographique de la ville (Neti Kaka prof ya Géographie, mais en version pratique).

Au cours de la course, il sait aider son chauffeur à éviter quelques embouteillages, accrochages entre bus et accidents parfois. Il n’est pas au volant, mais c’est lui qui décide de l’accélération, du ralentissement ou de l’arrêt du bus.

IL DÉTERMINE L’HUMEUR DU BUS

Sans le vouloir, il peut vous faire rire tout autant que vous énerver en un laps de temps. Pendant qu’il prévient du prochain arrêt, c’est avec une rapidité extraordinaire qui prouve qu’il est un ancien de la ville ! Il peut citer quatre arrêts d’affilée et cela résonne comme s’il venait de chanter, rapper ou réciter un poème dans sa langue maternelle ( Courant, Armée, Munongo, entrée commune…)

À peine distrait, tu entendras comme si c’était un seul mot qu’il venait de prononcer. (Mitali yo soki oyoki arrêt nao te). Attends-toi à un lingala adapté à ton âge. Chez lui, c’est comme en formation militaire : tout est vif !

C’EST LUI LE CAISSIER

Lors de la perception des paiements, c’est l’homme le plus vigilant du monde. Sans aucun appareil, il sait détecter qui n’a pas encore payé ; même lorsque les nouveaux clients embarquent et s’entremêlent avec les anciens qui ne sont pas encore arrivés à destination. C’est ici qu’il crie : «Premier banc Mayele» et se moque du reste.

En somme, le receveur, quoique souvent mal vu et mal pris par la majorité des passagers à cause de son agressivité vocale, de son manque de courtoisie et parfois de son insolence mal placée, mérite notre respect. Car il joue un rôle essentiel pendant nos courses.

Jeannot MUNTU

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