Kasaï : la gratuité de l’enseignement primaire en manque des mesures d’accompagnement et d’encadrement, la principale base du rabais du système éducatif (Reportage)

La constitution de la République Démocratique du Congo dans son article 43, lève l’option de la gratuité et du caractère obligatoire de l’enseignement primaire.
Cette mesure a été entamée partiellement depuis la rentrée scolaire 2010-2011 par le gouvernement de Matata Mponyo avec Maker Mwangu Muamba à la tête du ministère de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel.
Lors de son avènement au pouvoir en 2019, le président Félix Tshisekedi a par tous les moyens cherché d’élargir et rendre effective cette mesure de gratuité de l’enseignement.
Malgré ce vouloir du président Tshisekedi, il ressort du constat fait sur terrain que cette mesure souffre d’un accompagnement nécessaire et d’un bon encadrement dans la province du Kasaï.

Dans un Vox pop réalisé dans la province éducationnelle Kasaï1, les points de vue de tous les groupes pris pour cibles divergent, Gestionnaires, Directeurs, Enseignants et parents, chacun à sa perception sur cette mesure.
Si l’annonce de la gratuité de l’enseignement primaire a constitué un motif de satisfaction pour les parents qui se sont vus déchargés du fardeau des frais scolaires, les enseignants quant à eux dans leur majorité soit 65% de total rencontré par notre rédaction ne sont suffisamment pas satisfaits, les directeurs y compris.
Bien que la gratuité ait relativement entraîné un afflux d’apprenants dans les classes ciblées, ce que font savoir les directeurs interrogés, il y a l’augmentation inhabituelle des effectis-élèves dans des classes comparativement aux années scolaires antérieures.
Dans certaines salles des classes dans la ville de Tshikapa, l’on atteint l’effectif de plus de 120 voire 150 élèves, ce qui pousse les enseignants à exprimer leur ras-le-bol devant le surpeuplement des classes qui affaiblit l’encadrement pédagogique et disciplinaire.
S’agissant des problèmes liés à l’application de cette mesure
Les répondants (enseignants, Directeurs) ont révélé à notre rédaction quelques contraintes telles que:
- l’insuffisance des infrastructures scolaires
. Le surpeuplement des classes
. les structures non adaptées à la situation de la gratuité
. l’insuffisance d’équipement en bancs-pupitres, en manuels scolaires,en matériels didactiques et autres moyens d’enseignement.
. la non mécanisation
de plusieurs enseignants qui présentent dans des écoles publiques
. la démotivation du personnel enseignant non payé sur le listing de paie
. le retard le retard de paiement des enseignants
En bref, ils déplorent le manque et l’insuffisance des mesures d’accompagnement qui auraient pu écarter ces écueils du chemin de la gratuité, si elles étaient mûries et prises au préalable.
Suggestions
La plupart des répondants ont suggéré:
. Aller étape par étape (année d’études jusqu’à la généralisation complète de la gratuité)
. Améliorer les conditions sociales et salariales des enseignants
. Construire et refectionner les infrastructures d’accueil
. Équiper les écoles en mobilier et matériels didactiques
. Recycler les enseignants
. Édicter et vulgariser les mesures d’encadrement et d’accompagnement
. Revoir à la hausse le budget alloué à l’enseignement
. Rajeunir progressivement le personnel enseignant.
Toutes les personnes consultées se font une opinion favorable sur la gratuité mais condamnent le caractère précipité de sa mise en œuvre.
« Comme celà est prévu par la constitution, il a fallu remplir quelques préalables et prendre des mesures d’accompagnement et d’encadrement tels que: la réhabilitation des infrastructures scolaires et l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants avant sa mise en œuvre » ont-ils estimé.
Notons que l’accueil réservé à la décision de la gratuité a été enthousiasme auprès des parents surtout,car cette dernière est venue les libérer de ce joug des frais de scolarité. Quant aux enseignants, ils se sentent sacrifiés et marginalisés, car leurs conditions de vie n’ont pas été une préoccupation pour le gouvernement. Par ricochet, c’est la qualité de l’éducation qui est mise en cause et l’avenir des enfants bradé.
Henri Ntambue