Vers la dissolution du PPRD : le gouvernement frappe fort, l’opposition crie à la chasse aux sorcières

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Les jours du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) semblent comptés. Alors que ses activités sont suspendues depuis plusieurs semaines, une procédure judiciaire en vue de sa dissolution est désormais enclenchée. Selon des sources officielles, le ministère de l’Intérieur a saisi, le 28 avril, le Parquet près la Cour Constitutionnelle pour obtenir la dissolution du parti fondé par l’ancien président Joseph Kabila.

Le climat est explosif. Le gouvernement accuse le PPRD de « graves manquements à la Constitution » et de prises de position supposément favorables aux groupes armés, en particulier au M23, soutenu par le Rwanda. « Il ne s’agit plus seulement d’opinions politiques divergentes, mais d’une connivence présumée avec des mouvements rebelles qui menacent l’intégrité territoriale de la République », affirme un haut responsable du ministère de l’Intérieur.

Dès le 2 avril, une première requête avait été adressée par le Vice-Premier ministre de l’Intérieur pour alerter sur la gravité des faits. Sont notamment visés plusieurs figures du parti, dont Henri Magie Walifetu, Adam Chalwe, Yannick Tshisola et Fanny Kayemb. « Ces cadres ont, à maintes reprises, exprimé leur soutien au M23 dans des déclarations publiques », souligne une source judiciaire proche du dossier.

Les propos de Joseph Kabila lui-même sont cités dans le dossier d’accusation. Dans une interview accordée au Sunday Times le 23 février, l’ancien chef de l’État aurait minimisé les crimes du M23 tout en exprimant des positions conciliantes envers Kigali. « De telles déclarations, venant d’un ancien président, constituent une atteinte directe à l’unité nationale », estime un conseiller juridique du gouvernement.

Une manifestation organisée à Kinshasa le 25 février par Aubin Minaku, autre ténor du PPRD, a encore attisé les tensions. Selon les autorités, des propos à caractère subversif y ont été tenus. « Le chef a dit qu’il faut être prêt à tout… maintenant c’est le moment des actions ouvertes », aurait lancé un orateur, des mots perçus comme un appel à la révolte par les services de sécurité.

Le gouvernement fonde sa demande de dissolution sur l’article 29 de la loi n° 04/002 du 15 mars 2004 relative aux partis politiques. « Le PPRD a franchi la ligne rouge », tranche un conseiller du ministre de l’Intérieur. La décision définitive est désormais entre les mains du Parquet, qui examine le dossier.

Du côté du PPRD, on dénonce une opération politique déguisée en procédure judiciaire. « C’est une tentative flagrante de museler l’opposition et d’intimider ceux qui pensent autrement », s’indigne un membre du bureau politique. Le parti rejette les accusations et promet de résister. « Nous restons attachés à la souveraineté de notre pays et à la démocratie. Nous nous battrons contre cette instrumentalisation de la justice », assure un porte-parole.

Le bras de fer ne fait que commencer. Si la Cour Constitutionnelle venait à trancher en faveur du gouvernement, ce serait une première historique : la dissolution d’un grand parti ayant dirigé le pays pendant près de deux décennies. Une décision lourde de conséquences pour l’équilibre politique congolais.

CK

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