Commerce extérieur : le gouvernement congolais clarifie sa position sur le transbordement aux frontières

Devant les députés réunis en plénière ce mercredi 14 mai, le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, a tenu à dissiper les confusions autour du transbordement, souvent assimilé à tort à une pratique frauduleuse. Répondant à une interpellation du député Katembo Kambere Thaddée, il a insisté sur la nécessité de distinguer les activités commerciales légales des opérations illicites qui nuisent aux recettes publiques.
« Le gouvernement n’a jamais interdit le transbordement », a précisé le ministre, soulignant qu’il s’agit d’une opération reconnue, consistant à transférer des marchandises d’un mode de transport à un autre sans en modifier le contenu. Cette pratique, a-t-il rappelé, est encadrée par les textes internationaux ainsi que par l’article 182 du code des douanes congolais.
Le véritable enjeu, selon Julien Paluku, réside dans la lutte contre le fractionnement frauduleux. Cette technique illégale consiste à diviser les cargaisons aux frontières pour échapper aux droits de douane. « En 2024, cette fraude a fait perdre 3,9 milliards de dollars au trésor public », a-t-il alerté, dénonçant une manœuvre qui désavantage les opérateurs en règle et compromet les finances de l’État.
Le ministre a tenu à rassurer les opérateurs économiques sur la volonté de l’exécutif de soutenir, et non d’entraver, le commerce transfrontalier. « Nous ne luttons pas contre le commerce transfrontalier, nous l’encadrons », a-t-il affirmé, mettant en avant le Régime Commercial Simplifié (RECOS), mis en place pour soutenir les petits commerçants opérant dans les zones frontalières.
Julien Paluku a également salué l’entrée en vigueur d’un nouvel arrêté interministériel Commerce-Finances, qui renforce les mesures de contrôle aux frontières. Cette réforme, selon lui, s’inscrit dans une stratégie globale de modernisation de l’environnement économique congolais, axée sur la transparence et la compétitivité.
Autre mesure annoncée : la dématérialisation du Guichet Unique Intégré du Commerce Extérieur (SEGUCE-RDC). Le ministre a présenté cette innovation comme une étape décisive vers la simplification des procédures, la lutte contre la corruption et une meilleure traçabilité des flux commerciaux. Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a salué cette intervention qu’il a qualifiée de « belle leçon » sur les réalités du commerce international.
Cédric Kalombo