Procès Bukanga-Lonzo : Matata condamné à 10 ans de travaux forcés

L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo est condamné ce mardi 20 mai par la cour constitutionnelle à dix ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics. Si le verdict de la Cour constitutionnelle met un terme au volet judiciaire de l’affaire Bukanga Lonzo, il ouvre un autre chapitre : celui des tensions grandissantes entre le pouvoir judiciaire, le Parlement et les acteurs politiques.
Au cœur de cette affaire, le projet agro-industriel de Bukanga Lonzo, présenté naguère comme une solution à la dépendance alimentaire, s’est mué en symbole d’échec de la gouvernance. Plus de 285 millions de dollars auraient été détournés, selon la Cour. Deux autres personnalités ont également été condamnées : Déogratias Mutombo, ancien gouverneur de la Banque centrale, et Christo Grobler, homme d’affaires sud-africain, chacun à cinq ans de prison. Mais au-delà des responsabilités individuelles, c’est la cohérence de l’appareil étatique qui vacille.
La condamnation de Matata, aujourd’hui député, suscite une vive controverse sur la séparation des pouvoirs. Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a rappelé que l’immunité parlementaire n’avait pas été levée. La Cour constitutionnelle, de son côté, affirme que la procédure, amorcée avant l’entrée en fonction de Matata comme député, pouvait se poursuivre. Cet affrontement de principes met en évidence l’absence de consensus sur le rôle respectif des institutions dans la justice des élites.
Matata Ponyo, quant à lui, dénonce une manœuvre politique destinée à l’écarter du jeu national. Il affirme que son procès n’est réactivé qu’en fonction des agendas politiques du régime. À ses yeux, la justice actuelle serait instrumentalisée, en contraste avec l’époque où la même Cour s’était déclarée incompétente sous l’ex-président Dieudonné Kaluba. Ce dernier aurait, selon Matata, été écarté pour avoir résisté à des pressions politiques.
Cédric Kalombo