Affaire Constant Mutamba : Entre règlement de compte, haine et acharnement

En lisant le titre en luminaire , nombreux diront que je ne suis ni politologue ni juriste de formation. D’autres encore me demanderont d’aller à la sacristie enfiler ma soutane et mon surplis. Certes, je suis théologien, mais avant de l’être , je suis fils d’une nation, mieux un citoyen appelé comme tous les autres à défendre ma patrie. Qui plus est, je suis philosophe de formation. Or, l’objet de la philosophie, c’est la totalité du réel. La politique elle-même en fait partie. Sous ce prisme, je peux me permettre de donner mon point de vue sur l’affaire Mutamba qui fait la une et constitue un sujet chaud de l’heure dans le monde médiatique.
En effet, depuis quelques jours, nous avons tous ou presque tous lu sur les réseaux sociaux ou suivi à travers la voix des ondes que Monsieur Constant Mutamba a détourné des millions de dollars destinés à la construction des prisons. Son accusateur farouche est le Procureur Mvonde. En vue d’obtenir l’autorisation de l’instruction , le Procureur Général a demandé à l’Assemblée Nationale de lui permettre l’ouverture du dossier, tant il est vrai les ministres sont couverts de certains privilèges en matière de poursuites judiciaires. Après analyse de la situation, l’Assemblée Nationale a donné son feu vert pour l’ouverture de l’instruction.
Cependant, nombreux sont ceux qui scandent déjà au détournement . Pourtant, à l’audition du rapport de la commission parlementaire chargée de l’étude de la situation Mutamba, il se révèle bien clair que Mutamba n’a détourné aucun franc dans ce marché. Il a plutôt commis une erreur procédurale dans la conclusion du marché. C’est dire qu’il a brûlé les étapes en escamotant sa hiérarchie, la primature. Sans vouloir innocenter Mutamba, j’affirme qu’il s’agit d’une irrégularité administrative qui n’a rien de pénal. C’est dire que , dans un tel contexte, mieux serait d’annuler le marché et corriger les erreurs administratives.
De ce qui précède, l’on comprend qu’il ne s’agit pas d’un détournement , mais d’un règlement de compte, d’une haine et d’un acharnement. Règlement de compte parce qu’il n’y a pas si longtemps le Minetat de la Justice avait exigé des poursuites à l’endroit du Procureur Mvonde qui s’est illicitement enrichi, en se dotant d’un immeuble très coûteux dans le pays d’outre-mer. Une telle décision ne pouvait pas être mieux accueillie par Mvonde. Il l’a attendu au tournant . Haine parce que de tout le gouvernement de Suminwua, qui me paraît aussi complice dans ce dossier, Mutamba est parmi les rares ministres à s’être demarqués dans l’exercice de leurs fonctions. De plus, son jeune âge à la tête du ministère de la justice n’est pas bien perçu par nombreux. Est-ce l’âge qui travaille ? Pas forcément. Combien de nos institutions dirigées par les vieux ont décollé ??? Il est des gens nés pour diriger. Par conséquent, leur jeune âge ne peut s’ériger en obstacle. Il s’agit, enfin, d’un acharnement parce que dès son entrée en fonction, Mutamba a secoué l’appareil judiciaire congolais habitué à vivre la maffia sous le régime passé. Une telle personne ne peut-être vue que comme une bête noire à traquer.
Très chers compatriotes, que les intérêts de la nation l’emportent sur nos vains sentiments.
Abbé Guy Roger TSHISUNGU, penseur libre